"Eaux libres - Poèmes lacustres" est une série sur laquelle je travaille, sans l'avoir vraiment prémédité, depuis que je me suis mis à la photo vers 2009.
C'est au bout de 10 ans de bivouacs et nuits en refuges, que j'ai réalisé à quel point mon obsession à photographier les lacs de montagne devenait flagrante. J'avais maintenant assez de matière pour proposer une série suffisamment cohérente pour être exposée.
Une série toujours alimentée, évidemment.

- La neige y avait fait son nid II
Profitant que le nid soit déserté, la montagne s'en était discrètement rapprochée par l'intermédiaire d'un reflet très à propos. Elle attendait une petite brise qui viendrait brouiller la surface du lac, pour bondir et s'emparer de ces œufs de neige. - La neige y avait fait son nid
La vague tentative de la montagne de se mirer dans le petit lac tourna court, lorsqu'une brise légère en troubla la surface. Tout près de ce reflet trouble, quelques flocons de neige avaient profité d'une végétation propice pour faire leur nid à l'abri de la bise. - Des ronds dans l'eau
La nuit prenait son temps à venir, tandis que les dernières lumières asticotaient encore le reflet de la montagne. Comme tout bon reflet qui se respecte, il faisait des ronds dans l'eau. - Du givre dans la barbe
Le petit lac fut assez surpris ce matin-là, de retrouver ses poils de barbe tout givrés. On ne l'y reprendrait plus à les laisser trainer hors de l'eau toute la nuit. - Les lauriers du Mont Seti.
Le Mont Seti avait enfin retrouvé son reflet parmi les eaux glacées. Pour fêter l'évènement, il se laissa tresser des lauriers par une trouée dans les nuages. - Un peu de lave en fusion II
Le ciel ouvrit un œil surpris et quelque peu réprobateur, en constatant qu'une flaque de lave tentait de répondre à son flamboiement. - Le froid tombe sur le Rosuel
Les touffes d'herbes n'avaient pas oublié leur bonnet, et se pressaient les unes contre les autres pour se tenir chaud. Elles n'avaient pas manqué une miette du spectacle, le lent retrait du soleil le long des pentes du Mont Pourri, jusqu'à cette heure bleue qui faisait retomber le froid sur les eaux de la Duche. - La Duche en miroir
Le Mont Pourri se plaisait à contempler son reflet dans les eaux de la Duche, moins fréquentées que celles du Rosuel. Cependant, il s'assombrit quelque peu à la vue d'un observateur indiscret, présence incongrue en ces heures froides. - Patagonie sur Arc
Bien qu'il portât le nom de la pointe éponyme, cela faisait longtemps que le glacier du Grand Méan en avait quitté les flancs. Il avait tellement maigri qu'il prenait désormais un bain de pieds entouré de ses icebergs. - Les p'tits ronds d'herbe
Le jour se levait peu à peu pour le plus grand plaisir des p'tits ronds d'herbe qui lorgnaient au loin vers le cirque glaciaire. Ils savaient qu'un jour ils iraient coloniser ce glacier, leurs racines se souvenaient encore de l'époque lointaine où leur emplacement était sous les glaces. - L'heure pourpre II
Les cailloux s'étaient empressés de venir admirer le spectacle, si bien que le reflet s'en trouva quelque peu gêné. Mais personne n'osa rien dire à ce gros rocher sans savoir-vivre. - L'heure pourpre
Subitement les roches s'étaient empourprées, probablement par pudeur à l'approche du soleil. Le fait est que le cirque des Evettes baignait désormais dans une ambiance curieuse, comme suspendue dans le temps. - L'Albaron s'éclaire un peu
Bien que le petit lac restât d'un bleu glacial, l'Albaron commençait à s'éclairer un peu. Les étoiles n'étaient plus qu'un souvenir. A l'est, on voyait bien que le pays du soleil levant voulait tenter une incursion. - Extinction stellaire aux Evettes
Les étoiles avaient commencé à déserter le petit lac - le jour pointait le bout de son nez, il était temps de partir pour d'autres contrées plus occidentales. Quelques lueurs colorées apparaissaient de manière tout-à-fait incongrue derrière les glaciers. - Les Evettes sous les étoiles II
Voyant toutes ces étoiles s'amuser dans l'eau, quelques cailloux voulurent se joindre à cette joyeuse sarabande. Au loin, les glaciers du Cirque des Evettes tentaient péniblement de ne pas reculer trop vite.